De quoi s’agit-il?
Le MIRAMAP regroupe des réseaux territoriaux d’AMAP et des AMAP individuelles, consommateurs et paysans. C’est un lieu de concertation qui permet, notamment, de porter le projet des AMAP au niveau national, afin qu’elles puissent se présenter comme des interlocuteurs légitimes face aux pouvoirs publics, aux associations, aux syndicats. Il s’agit d’un mouvement, et non d’une fédération, qui reflète la diversité des AMAP.
Comment le MIRAMAP est apparu ?
Les premières AMAP ont vu le jour en France au début des années 2000. Elles ont essaimé très rapidement, soulignant par ce fait que les AMAP répondaient à un besoin et portaient en elles une revendication politique. Le MIRAMAP a été créé en 2010 à l’initiative des réseaux de Provence-Alpes-Côte-d’azur, Rhône-Alpes et Île-de-France. L’ambition était de se réapproprier la communication autour des AMAP, parce que beaucoup est dit à leur sujet, et de garantir l’éthique des AMAP. Il s’agissait aussi de se renforcer mutuellement, d’échanger et de mettre en place des projets qui ne peuvent pas être mis en place au niveau local. Un exemple de projet est celui des finances solidaires pour l’agriculture paysanne.
Quels sont ses objectifs ?
L’idée majeure est de garantir la spécificité des AMAP, l’ « esprit des AMAP ». Depuis un an, cela nous a conduit à relire et à réécrire la Charte des AMAP. La première Charte a été déposée en 2003. Elle posait les bases des AMAP, en expliquant notamment leur fonctionnement, dont le fait qu’elles se basent sur un contrat passé entre chaque consommateur membre du groupe de consommateurs et le producteur. Toutefois cette charte présente quelques redondances et manque de clarté d’un point de vue juridique. Les AMAP et leurs réseaux doivent pouvoir garantir le respect de ces principes, elles ont une obligation de moyens, pour ne pas par exemple être accusées de publicité mensongère si un producteur ne respectait pas les principes comme ne pas pratiquer l’achat-revente et cultiver/élever d’une manière respectueuse de l’environnement. Nous souhaitons d’ailleurs développer une méthodologie d’accompagnement de la charte autant pour le producteur que pour les consommateurs. Avec cette nouvelle Charte, nous voulons réaffirmer nos valeurs et nos principes de fonctionnement, dans le respect des législations en vigueur. Pour autant, nous revendiquons le souhait de faire évoluer des règles qui nous paraissent inadaptées pour le maintien et le développement d’une agriculture paysanne et biologique de proximité.
Quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
La question sanitaire a été souvent soulevée, par rapport notamment à la chaîne du froid. La question est de savoir qui est responsable : le producteur, l’association ? D’un point de vue juridique, nous devons clarifier ce qui engage le producteur, les consommateurs et l’association. Une question qui a été soulevée concernant le fait que les consommateurs donnent un « coup de main » à la ferme. Cette démarche permet avant tout de permettre aux consommateurs de découvrir et de se familiariser avec le travail du producteur. Celle-ci a toutefois été soupçonnée de travail non déclaré. Nous devons clarifier ce point, car il s’agit en réalité de « journée pédagogique à la ferme ». Concernant la fiscalisation des AMAP, la question a été soulevée au niveau de l’Assemblée Nationale. Nous avons souligné qu’il n’y a pas d’argent qui circulent dans l’AMAP mais seulement entre les consommateurs et le producteur lors de la signature du contrat. L’association ne sert pas d’intermédiaire. Cette discussion a permis de mettre en avant la nécessité de créer un régime fiscal spécifique pour les associations relevant de l’économie sociale et solidaire.
Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
L’un des premiers points concerne le développement d’un kit juridique pour les personnes qui participent aux AMAP, paysans comme consommateurs. Nous travaillons également sur la réécriture de la Charte des AMAP. C’est un travail collectif, qui privilégie la réappropriation par chacun des valeurs des AMAP. Nous bénéficions d’appuis juridiques pour les questions de cet ordre. Nous parlons donc maintenant de « livraison » plutôt que de « distribution ». Nous développons actuellement les systèmes de garantie participative pour assurer le respect de la charte et des contrats au sein de chaque AMAP. L’idée est de mettre en place une forme de certification de groupe, participative, des AMAP par leurs acteurs (consommateurs et paysans). Un autre champ de bataille est celui de se faire reconnaitre comme ayant une fonction d’intérêt général. Et bien-sûr, nous continuons notre travail sur les finances solidaires, avec le projet des cagnottes solidaires et la publication de notre ouvrage collectif « Une autre finance pour une autre agriculture ».
Quelles sont vos perspectives pour le futur?
Nous aimerions continuer de développer des outils de finances solidaires pour que les producteurs puissent accéder à un financement sans se surendetter et/ou mettre en garantie une caution personnelle. L’idée est notamment de créer un fonds de garantie national, option retenue par le Ministre de l’agriculture dans son projet agro-écologique. Concernant la Charte, nous souhaitons favoriser la professionnalisation des paysans en AMAP (notamment pour les installations) et développer les mécanismes d’apprentissage collectifs, la co-formation et l’accompagnement entre producteurs. De manière plus générale, il nous semble important de développer une politique alimentaire viable et intégrée au niveau local. Il s’agit d’une démarche multi-acteurs, qui implique les différentes filières de l’alimentation des territoires. Nous nous intéressons également aux questions liées à la Politique Agricole Commune (PAC) et à l’agro-écologie.
Si vous pouviez introduire un grand changement politique, lequel serait-il ?
La politique mise en place actuellement sert avant tout l’agriculture très industrialisée et aboutit à la disparition de l’agriculture locale. Il s’agit ici de faire un choix clair en faveur d’une agriculture qui réponde aux besoins des personnes.