Une fois fixé l'objectif de la coresponsabilité pour le bien-être de tous et le cadre orientateur pour prendre en compte les besoins de transmission des ressources aux générations futures (voir fiche T12), le Groupe de coordination peut initier une phase d'évaluation, en considérant deux dimensions:
- l'évaluation des situations existants sur le territoire;
- l'évaluation des actions et activités qui y sont développées.
Il s'agit à ce stade de repérer les situations extrêmes sur le territoire qui demandent une attention particulière et d'analyser l'impact et la pertinence des actions qui sont à même d'apporter des réponses pertinentes par rapport au cadre orientateur défini dans la phase 2. L'évaluation a donc une fonction de préparation de la phase 4 de réflexion sur les possibilités de réponse à ce cadre. De plus étant conduite de manière participative elle joue un rôle mobilisateur des acteurs et citoyens impliqués dans les actions étudiées et permet de faire le lien direct avec la phase 4 de réflexion sur les améliorations possibles.
Sommaire
A- Evaluation des situations dans le territoire: connaître, évaluer et prioriser les situations extrêmes
Les situations extrêmes sont à la fois des blocages, des leviers et des urgences pour progresser vers le bien-être de tous, générations futures incluses. C'est pourquoi elles constituent des champs d'action prioritaire dans SPIRAL. Ce sont:
- d'un coté les situations d'exclusion, de pauvreté et de mal-être;
- d'un autre les situations de sous-utilisation, sur-utilisation ou destruction de ressources.
SPIRAL propose une méthodologie participative à partir du groupe de coordination, s'appuyant sur les connaissances de chacun pour construire une connaissance collective et partagée de ces situations, des besoins qu'elles implique et des potentiels qu'elles représentent. Une évaluation comparative doit être ensuite conduite pour pouvoir prioriser les interventions.
Connaître les situations d'exclusion, de pauvreté et de mal-être
La méthode proposée consiste à: 1- réunir le groupe de coordination en l'élargissant à des personnes ressources, notamment des personnes vivant ou connaissant de telles situations; 2- constituer des petits groupes; 3- demander à chaque petit groupe d'identifier une ou plusieurs situations d'exclusion, pauvreté ou mal-être qu'ils connaissent; 4- établir collectivement la liste de toutes les situations identifiées par les groupes, les ajuster et vérifier collectivement que cette liste représente bien toutes les situations d'exclusion, pauvreté ou mal-être existant dans le territoire, sinon la compléter; 5- redistribuer les situations entre les petits groupes et leur demander de les caractériser à partir de la fiche des dimensions et composantes du bien-être; 6- Faire une synthèse finale des situations sous la forme d'un tableau; 7- Elaborer par la suite une deuxième synthèse, cette fois par grands thèmes: alimentation, accès aux soins, logement, mobilité, etc. Pour plus d'information voir la fiche méthodologique 13-1
Connaître les situations de sous-utilisation des ressources
Beaucoup de resources existantes sont souvent sous-utilisées, comme par exemple la nourriture jetée dans la chaine alimentaire, les véhicules qui circulent avec des places disponibles, les médicaments qui ne sont plus utilisés, les logements vides, les terrains abandonnés, le temps de personnes compétentes qui sont sans travail ou à la retraite, etc. La mise en commun de la connaissance sur ces ressources permet de prendre la mesure du potentiel existant pour réduire les situations d'exclusion et de mal-être. Elle permet également de concevoir différentes formes de mise en commun, mutualisation, etc. Pour plus d'information voir la fiche méthodologique 13-2
Connaître les situations de sur-utilisation des ressources
A l'opposé il y a des situations de surutilisation de ressources, c'est-à-dire d'utilisation de ressources coûteuses ou ayant un fort impact négatif alors qu'on peut obtenir le même résultat avec des ressources moins coûteuses, qui peuvent même parfois apporter une plus value importante. Par exemple l'utilisation de voitures tout terrain en ville quand on peut se déplacer en vélo, qui par ailleurs présente de gros avantages en termes de santé. Il existe bien évidemment une certaine hierarchie dans la surutilisation des ressources. L'idée est de repérer en premier lieu celles qui sont les plus extrêmes et demandent une réflexion prioritaire. Un petit guide pour s'y repérer est proposé dans la fiche méthodologique 13-3
Connaître les situations de gaspillage et destruction de ressources
Finalement il y a les situations de gaspillage ou destruction de ressouces, concernant le non recyclage et la pollution, alors que le recyclage et les réparations, peuvent être une source importante d'emplois et de réinsertion professionnelle. Là aussi un petit guide des principales questions à se poser est disponible dans la fiche méthodologique 13-4
Evaluer et prioriser les situations extrêmes
Connaitre les situations extrêmes c'est aussi les évaluer en termes de priorité: sur lesquelles il convient d'agir en premier lieu et pourquoi? Pour répondre à cette question nous proposons de s'en référer à deux facteurs: la nécessité et l'urgence. - En termes de nécessité les formes de sur-utilisation des ressources et de gaspillage et destruction qui mettent en danger les générations futures sont les plus lourdes de conséquences. C'est pouquoi la reconversion énergétique doit servir de ligne conductrice dans la recherche de solutions. A cet égard l'expérience des Transitions Towns, Plans climats, agenda 21 sont une source d'inspiration essentielle. - En termes d'urgence, les situations d'exclusion des besoins de base et de confinement dans la pauvreté sont celles qui demandent le plus d'attention et des actions prioritaires.
B- Evaluation des actions et activités en cours
Suite l'evaluation des situations
L'évaluation des actions et des activités en cours prend la forme d'une co-évaluation participative, en impliquant les différents acteurs concernés par l'action (porteurs et responsables de l'action/ bénéficiaires ou usagers, partenaires).
Tout d’abord, elle vise d’évaluer l’impact des actions et activités sur les dimensions du bien-être ainsi que d’identifier celles qui exerce une pression sur les ressources, notamment critiques. Ensuite, elle suscite une réflexion sur la question de la pertinence des actions et activités par rapport aux situations de mal-être, aux points de blocage ou aux éléments clés du bien-être.
A ce stade, un certain nombre d’actions doivent être choisies avec attention, car elles deviendront les actions de démonstration de co-responsabilité pour le bien-être de tous par la suite.
Elle couvre cinq volets:
- * la co-évaluation de l'impact sur le bien-être des personnes concernées;
- * la co-évaluation de la pertinence par rapport aux situations extrêmes sur le territoire;
- * la co-évaluation de l'impact en termes de ressources, notamment par rapport au cadre d'orientation;
- * la co-évaluation de la durabilité de l'action;
- * la co-évaluation de sa reproductiblité et le repérage des effets leviers à cet effet.
- * Co-évaluation de l'impact sur le bien-être
Cette partie de l’évaluation partagée est effectuée sur la base des critères de bien-être et de mal-être de manière conjointe entre les groupes porteurs/responsables de l’action et les bénéficiaires (au minimum avec un représentant de chacun). Ceci est dans le but d’un consensus entre les acteurs, qui enrichiront les actions et les activités existantes pour avoir un meuiller impact sur les situations .
- * Co-évaluation de la pertinence par rapport aux situations extrêmes
L'évaluation des situations extrêmes, telles que l'exclusion, la pauvreté ou le mal-être apportent des éléments clés qui deviennent les points de repèrent pour évaluer ensuite la pertinence des actions et activités par rapport à ces situations. Cette analyse permet d’identifier les axes d’amélioration des politiques locales en faveur de l’objectif du bien-être de tous.
- * Co-évaluation de l'impact en termes de ressources
Il s'agit d'analyser si les actions en cours peuvent avoir un impact écologique, implique l’utilisation des ressources non-renouvelable, notamment des ressources critiques exercent une pression sur les ressources. Cette évaluation doit conduire à la révision des actions en questions qui assurent une économie des ressources, les meilleurs pratiques en matière de développement durable.
- * Co-évaluation de la durabilité (soutenabilité) de l'action
Elle contribue à la prise en compte des aspects du développement durable (les objectifs environnementaux, économiques et sociaux) ainsi que le cadre de contraintes présenté dans la fiche T12, qui serve d'orientation de soutenabilité des activités menées. L’évaluation de la durabilité est un outil qui peut aider les décideurs sur les choix d’actions à mettre ou non en œuvre afin de répondre à l'objectif du bien-être de tous durable.
- * Co-évaluation de la reproductiblité et le repérage des effets leviers
- Reproductibilité des actions
Il s'agit d'identifier si les actions en cours sont facilement reproductible et sinon quels sont les obstacles qu’il faut soulever pour faciliter leur démultiplication dans différents contextes.
- Redonner la confiance comme un des effets leviers
Redonner un sens à la vie, un espoir, reconnaitre l’apport et la créativité de chacun, assurer le développement personnel dans un esprit de solidarité sont les éléments qui permets de mettre en place un cercle vertueux du bien-être et de devenir des effets leviers de changement vers le progrès sociétale. Il est également fondamentale de mobiliser de nouvelles potentialités qui ont été délaissées ou sous-estimées avant.
Découvrir de nouveaux leviers Progresser vers le bien-être de tous c'est aussi trouver les leviers qui permettent de dépasser les blocages, déclencher des processus individuels et collectifs vers un meilleur être et faire le lien entre plusieurs objectifs. Notamment la question du sens, de la reconnaissance, du lien social sont des élément clés qui peuvent orienter les choix et les décisions afin de permettre à chacun, notamment les plus isolés et les plus exclus, de retrouver une place dans la société par leur participation active aux transformations nécessaires. Le recours à des outils de réflexion individuelle et collective sur les parcours de vie et les projets de vie facilitent ces processus et permettent de les démultiplier. Ils contribuent ainsi à l'émergence de nouveaux "créateurs" (voir fiche suivante n°14).