Ebauche de modèle de référence pour un partenariat entre deux territoires de coresponsabilité
Note préliminaire : Un modèle de référence représente en quelque sorte ce qu’il serait idéal de réaliser dans le cadre de territoires de coresponsabilité. Il ne s’agit pas de modèle à suivre au pied de la lettre mais de modèle aidant à réfléchir à ce qu’il est possible de réaliser, en l’adaptant à chaque contexte local. Un modèle de référence se rédige sous la forme d’une série de points numérotés. Ci-suit le modèle de référence pour un partenariat entre deux territoires de coresponsabilité, que l’on appellera également partenariat inter-local.
Principes généraux
1. Deux territoires de coresponsabilité A et B, géographiquement éloignés l’un de l’autre (par exemple un en Europe et un autre en Afrique) décident d’établir une relation de partenariat. Cette décision résulte d’un certain nombre de liens déjà existants entre les deux territoires, notamment du fait de la présence de populations ayant migré d’un territoire à l’autre depuis une ou plusieurs générations et, le cas échéant, d’un jumelage ou partenariat déjà actif entre les communes concernées.
2. Leur objectif est de créer peu à peu une proximité par le lien social à défaut d’une proximité géographique. En d’autres termes il s’agit, par la démultiplication et la diversification des liens entre les deux territoires, de parvenir à un niveau d’interrelations et de connaissances mutuelles similaire à celui de deux territoires géographiquement voisins ou proches. Une telle proximité par le lien social ouvre la voie à de nouvelles formes de coresponsabilité interterritoriale avec des effets bénéfiques considérables pour les deux territoires et pour le bien-être de tous générations futures en général..
3. Afin de donner corps à cette proximité par le lien social un accord de partenariat est établi non seulement entre les mairies mais également entre les plateformes multi-acteurs de chacun des deux territoires, permettant d’y impliquer progressivement un grand nombre d’acteurs et citoyens des deux territoires. Ceci ouvre la voie à diverses formes de partenariats inter-locaux et solidaires, que ce soit entre des entités de même nature (entre écoles, entreprises, hôpitaux, services publics, groupes de jeunes etc.) ou entre entités ou groupes de natures différentes mais complémentaires (producteurs et consommateurs de biens ou de services, parrainages et liens intergénérationnels, etc.)
4. Parmi ces formes de solidarité entre territoires le tourisme solidaire joue un rôle moteur majeur car il permet : 1) de renforcer les liens directs entre personnes des deux territoires et la connaissance du territoire d’accueil par les citoyens du territoire d’origine ; 2) d’offrir des opportunités économiques aux populations les plus défavorisées pour valoriser leur patrimoine et leur capacité d’accueil ; 3) de créer des synergies entre différents partenariats inter-locaux et solidaires.
5. Pour faciliter ces synergies, un service d’information partagée est mis en place entre les deux plateformes multi-acteurs permettant à toute personne voyageant d’un territoire à l’autre (émigrés revenant chez eux, touristes solidaires, etc.) de se faire connaitre et de jouer le rôle de messager, voire même d’ambassadeur.
6. Par ailleurs un comité de pilotage du partenariat est établi avec des représentants de chacune des plateformes multiacteurs ainsi que des émigrés, permettant de renforcer les dynamiques créées.
7. Le développement de plusieurs partenariats entre territoires de coresponsabilité se situant dans les deux mêmes pays (en l’occurrence la Belgique et le Maroc ou la Belgique et la Tunisie) permet également de développer des synergies inter-partenariats et de situer chacun dans une perspective plus globale de la solidarité entre le nord et le sud.
Exemples de partenariats que permet la proximité par le lien social :
- Parmi les partenariats inter-locaux solidaires que permet la proximité par le lien social, les partenariats entre producteurs d’un territoire et consommateurs de l’autre territoire jouent un rôle particulier, offrant des possibilités de commercialisation directe à des petits producteurs isolés qui n’ont pas accès au marché et qui sans de tels partenariats perdraient une opportunité de revenu essentielle pour leur développement. La question se pose pour certaines denrées qui ne sont pas produites dans le territoire des consommateurs et qui sont néanmoins importantes pour eux. Il est toutefois recommandé que de tels partenariats ne remettent pas en cause la sécurité alimentaire locale, mais au contraire la renforcent en donnant aux producteurs la possibilité d’investir également dans la production d’aliments consommés localement. Une charte d’engagement mutuel peut être établie à cet effet, explicitant les principes de cet engagement (production bio, renforcement de la souveraineté alimentaire locale, solidarité producteurs-consommateurs également au niveau local, etc.).
- Les partenariats inter-locaux solidaires entre producteurs et consommateurs s’établissent suivant les mêmes principes que les partenariats locaux solidaires entre producteurs et consommateurs (GASAP en Belgique, AMAP en France, CSA en Angleterre etc .), à la différence qu’ils passent par un engagement collectif des deux côtés : engagement collectif des consommateurs à acheter une certaine quantité mois par mois au cours de la saison (correspondant à la somme des quantités individuelles) et engagement des producteurs à fournir cette quantité et à la regrouper en un seul lieu au moment de son chargement pour être transportée. Le transport lui-même est organisé soit par les consommateurs, soit par les producteurs, soit par un tiers.